vendredi 9 décembre 2011

Every Day The Same Dream

J1: 07:00. Debout. Vous vous habillez, en noir, comme tous les jours. Vous traversez votre appartement, dites rapidement bonjour à votre femme, descendez dans l'ascenseur en compagnie de votre vieille voisine bavarde, et prenez votre voiture. Embouteillages. Vous arrivez en retard à votre travail, votre patron vous le fait sèchement remarquer. Vous vous asseyez à votre place et vous commencez à travailler.

J2: 07:00. Debout. Vous vous habillez, en noir, comme tous les jours. Vous traversez votre appartement, dites rapidement bonjour à votre femme, descendez dans l'ascenseur en compagnie de votre vieille voisine bavarde, et prenez votre voiture. Embouteillages. Vous arrivez en retard à votre travail, votre patron vous le fait sèchement remarquer. Vous vous asseyez à votre place et vous commencez à travailler.



Le sujet de l’aliénation au travail (ou par le travail) n'est pas nouveau. La critique du métro-boulot-dodo non plus. Every day the same dream vient apporter sa pierre à l'édifice, de manière très sombre. Le scénario en exergue est exactement celui du jeu : vous incarnez ce personnage anonyme, sans visage, dans un monde majoritairement gris. Vous vous levez, allez travailler, et c'est tout. Le jeu boucle. Trois lignes de dialogue, peu d'interaction. On se demande presque si le jeu ne se limite pas à ça. Si finalement, en rejouant systématiquement cette même journée, on n'accomplit pas la prédiction auto-réalisatrice du titre.

Puis on craque, et on décide de ne PAS rester dans cette boucle, de briser la routine. On essaie de contourner les limitations du jeu, de faire autre chose. Et, miracle, on y arrive. Qu'on lui fasse passer la journée à faire autre chose que de travailler ou qu'on lui fasse prendre le temps d'admirer le monde autour de lui, on réussit à changer un peu le quotidien de notre anonyme héros, petit pas par petit pas.


La voisine dans l'ascenseur tient le décompte des modifications apportées à ce cauchemar quotidien. Plus que cinq étapes avant d'être vraiment quelqu'un de nouveau. Plus que quatre.

Mais aussi brutales que soient les modifications apportées, rien n'y fait : chaque jour recommence comme le précédent. Pire : les modifications de la veille semblent annulées le lendemain. Comme si rien n'avait changé. Comme s'il ne servait à rien de luter. Il n'y a que la voisine et son décompte qui vous prouvent que, d'une certaine manière, vous "progressez".

Jusqu'au jour où le décompte atteint zéro. Vous avez changé. Le monde a changé. Plus rien n'est pareil...


Every day the same dream n'est pas vraiment un jeu facile d'accès. Le style est très austère, la musique ne plaira pas à tout le monde... Et surtout, le jeu est excessivement sombre (sans parler de la fin). Peut-être vous parlera-t-il, peut-être y resterez-vous indifférent. Par certains aspects, il me fait penser à One Chance ; un négatif de cet excellent jeu, en quelque sorte. Si le thème vous parle, ne manquez pas non plus l'excellent court-métrage BEAT. Pour jouer à Every day the same dream, c'est ici.

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